Je m’appelle Ava Krystal Barnes, je suis âgée de 28 ans et je suis née le 1er juillet 1989 dans la plus tournoyante des villes des Etats-Unis : Seattle.

Je suis la deuxième et la cadette de la famille Barnes. Une famille plus qu’idéale je dirais.  Il y avait une telle harmonie au sein de notre famille. J’étais très proche de mes parents, je leur disais tout (ou presque), je les aidais du mieux que je pouvais et j’aimais tout ces moments en famille que nous passions. Mais j’étais surtout proche de mon grand frère Tomas J. Barnes même si je savais de source sûre qu’il ne m’aimait pas vraiment à ma naissance. En effet, lui rêvait d’avoir un petit frère et non une petite sœur dans les pattes. Seulement, il s’est vite amouraché de mon regard vicieux d’ange. Étant encore une petite fille, je ne le quittais plus, je restais continuellement à sa botte. Un vrai pot de colle je sais. Mais c’est ce qui a fait que nous sommes autant proches l’un de l’autre. De vrais fraternels. Au fil du temps, l’un couvrait l’autre de ses bêtises, l’un aidait l’autre quand il en avait besoin, l’un soutenait l’autre corps et âme. Je me rendais bien compte que j’étais chanceuse.  Certains ne pouvaient pas avoir cette chance. J’étais donc heureuse d’être une Barnes, ma famille était mon monde et  j’appréciais d’avoir ce lien spécial que l’on ressent avec les bonnes personnes.

Pendant un temps, ma vie avait l’air idéologique. Au collège, j’étais fidèle à moi-même, souriante, sociable, amicale, je n’avais pas de problèmes avec mes camarades de classe et j’avais même mon propre groupe d’amis. Nous ne nous quittions plus jusqu’à un temps. Je gardais tout de même un très léger contact avec eux malgré les années qui avaient passé.

Alors que j’avais 12 ans et que mon grand frère en avait 16, il me fit son coming out et me révéla qu’il était homosexuel. Bien naturellement, cela ne nous éloigna pas, je l’acceptais comme il était. L’homosexualité ne devrait pas être vu comme quelque chose d’ignoble chez certains. Je réagissais donc normalement, j’étais heureuse qu’il s’était trouvé et qu’il restait lui-même envers et contre tout. A vrai dire, je l’avais encouragé à en parler à nos parents également mais je comprenais sa peur de le révéler comme ça à tout le monde. Il avait aussi peur que cela pourrait s’ébruiter à son lycée, c’était normal après tout, à cette époque, les adolescents peuvent être si fourbes et destructeurs. Quelques jours plus tard, Tomas revint tabassé du lycée, je me demandais bien ce qu’il s’était passé mais je prenais avant tout soin de mon grand frère. J’étais inquiète de son état et je passais donc deux jours entiers à m’occuper de lui et cacher son état à nos parents. En fin de compte, il révéla sa vraie nature à nos parents deux ans plus tard et tout s’était passé pour le mieux. Nos parents n’étaient pas intolérants et voulaient le bonheur de leurs enfants, ils ne réagissaient pas comme certains parents écœurants encore heureux.

Au fil du temps, tout allait mieux pour mon grand frère mais c’était le début de mon cauchemar. A l’âge de 17 ans, en rentrant d’une soirée bien arrosée, je connus le pire. En effet, je n’étais qu’une gamine un peu trop fêtarde à l’époque et je pouvais même en être tout à fait inconsciente. Sans que je puisse le voir arriver, je me fis agresser à l’arme blanche sur le chemin du retour sans aucune raison. On peut dire que j’étais là où il ne fallait pas tout simplement. J’étais en état de choc et je ne réalisais pas encore ce qui m’était arrivée jusqu’à mon arrivée à l’hôpital. Immédiatement, un passant prévint une ambulance et je fus emmener directement à l’hôpital de Seattle afin que l’on me prenne en charge. Après plusieurs heures, le médecin qui s’occupait de moi exigea d’appeler quelqu’un de majeur, je lui confia donc le numéro de mon grand frère. Je ne voulais pas que mes parents apprennent que je me suis faite agresser et j’avais une confiance énorme envers mon grand frère. Voyant mon état et comprenant que seul lui devait être au courant, il me proposa de vivre un temps chez lui afin de me reconstruire, ce que je fis. Pendant plus d’une année, je restais renfermée sur moi-même, j’avais mis fin à mes études, je n’avais plus la force de voir une seule personne extérieure. Mon grand frère m’aidait donc beaucoup dans cette épreuve et m’incitait même à sortir en sa compagnie parfois. J’avais mis plusieurs mois avant d’accepter et de prendre l’air. Je restais tout de même assez paranoïaque vis à vis des habitants de Seattle, j’avais terriblement peur que ce qui m’était arrivée se reproduisit encore et encore.  Puis ce qui devait être temporaire a fini par être permanent, je vivais désormais en colocation avec mon grand frère. Cela nous arrangeait tous les deux étant donné qu’un appartement à Seattle est assez cher.

Alors que je me sentais un peu mieux, j’ai commencé à chercher un travail tout en reprenant mes études afin d’obtenir mon diplôme. Rapidement, je trouvais un poste en tant que serveuse dans un petit bar de la ville, j’avais vite appris du métier et j’en étais même très comblée. A la fin de mes études, j’étais diplômée et une experte en service. Je croyais m’arrêter à mon diplôme afin de bosser à pleins temps mais le fait d’être étudiante et de pouvoir en apprendre un peu plus sur le métier de barmaid me plaisait assez bien. Je prolongeais donc mes études et continuais de travailler pendant deux années supplémentaires jusqu’à obtenir un dernier diplôme.

A l’âge de 22 ans, je commençais à gravir les échelons en tant que serveuse et barmaid jusqu’à être demandée dans l’un des plus prestigieux bars de Seattle où je restais pendant plus de 6 ans. Le personnel et les clients étaient devenus comme une deuxième famille. Mais je voulais voir plus grand malgré tout et j’ouvrais mon propre bar. C’est tout ce dont je désirais le plus au monde.

Désormais, aujourd’hui j’ai 28 ans et je suis à la tête d’un nouveau bar de Seattle tout en étant serveuse dans celui-ci. Je garde tout de même certains restes de mon agression et c’est ce qui fait qui je suis et comment je suis. Je vivrais avec cette peur de vivre éternellement mais je l’ai accepté depuis.